MESSE UN JOUR ORDINAIRE
Messe un jour ordinaire s'articule principalement autour de deux textes : celui du rituel de la messe ("L'ordinaire de la messe", que l'on chante tous les jours) et la parole dérisoire de Laurence, jeune femme à la dérive, toxicomane ordinaire (aujourd'hui disparue), tirée d'un document filmé de Jean-Michel Carré, Galère de femme. Bernard Cavanna saisit et confronte deux paroles, l'une collective, chantée par le chœur et deux solistes éloquents, qui s'use jusqu'à ce vider de son sens, l'autre personnelle, minime, modeste et négligeable en contradiction permanente avec la puissance organisée de la première. L'œuvre est magistrale et forte. Elle donne à entendre une émotion privée de tout sentimentalisme ou de populisme bon marché. Grâce à son orchestration originale (3 accordéons, orgue, cloches, cuivres et un violon soliste qui introduit la parole de Laurence) la vraie-fausse Messe de Bernard Cavanna rompt avec l'ordinaire de la musique pour atteindre la dimension des grandes pièces humanistes de notre temps. |