OU BIEN LE DÉBARQUEMENT DÉSASTREUX
Pour Ou bien le débarquement désastreux, c'est l'installation de la plasticienne Magdalena Jetelova - immense pyramide en mouvement, sol de sable et de verre, mur aux cheveux hérissés - qui offre à Heiner Goebbels l'espace de son investigation musicale autour des textes de Joseph Conrad, Heiner Müller et Francis Ponge. Ils montrent chacun sous leur angle propre la confrontation de cultures et d'attitudes, la mise en pièce des sentiments nés de l'observation méthodique et laconique des différences, l'absurdité de la découverte démunie des référents appropriés, les difficultés à dire et à écrire les choses. Dans cet espace à l'échelle d'un continent, dans cette succession de forêts impénétrables, le comédien André Wilms, en virtuel explorateur, est confronté à l'assurance ancestrale des griots mandingues (Sira et Boubakar Djebate). Figures emblématiques, leurs gestes - que tout oppose, dans des géographies verbales aux antipodes l'une de l'autre - sont habilement reliés par la musique écrite pour un trio électrique (trombone, guitare, claviers). De ces étranges alliances, naît le mystère et la beauté de ce débarquement. |