REVUE DE PRESSE

RICHTER
Opéra documentaire de chambre

Opéra nucléaire, 17 Novembre 2003
Jacques Doucelin, Le Figaro

C'est du théâtre musical déguisé en opéra de chambre. Une histoire racontée en musique. Une heure qui donne à rêver et à penser : pari gagné. Richter du compositeur argentin Mario Lorenzo sur un livret de son compatriote Esteban Buch n'est pas l'histoire du pianiste russe Sviatoslav Richter, ni du sismologue auteur de l'échelle éponyme, mais d'un savant fou. En 1948, le physicien autrichien nazi réussit à convaincre Peron qu'il peut lui fabriquer le feu nucléaire dans l'île de Huemul en Patagonie. Dans le délire de ce Dr Folamour, il s'agit de reproduire le chant du soleil, soit la température de sa fusion.

D'abord, Peron et la population de croient avant de se rendre à l'évidence de sa folie. Trois solistes, soprano, ténor et baryton, trois musiciens, deux pianistes et un percussionniste ainsi que les douze choristes de Diapason Sur, menés par le chef Franck Ollu, participent tous à l'action réglée par Antoine Gindt. On pense à l'histoire du soldat tant la démarche reste simple, populaire au meilleur sens du mot.

La musique est marquée au sceau de la liberté et du naturel, la voix passant du parlé au lyrisme le plus sincère. L'irruption de l'électronique dont le crépitement d'étincelles évoque les expériences du savant fou, est presque un jeu pour l'oreille. Cette coproduction du Centre expérimental du Théâtre Colon de Buenos Aires et de T&M fait passer la santé et l'humour qui marquent la musique argentine depuis Kagel.


Richter, opéra documentaire et patagon, 17 Novembre 2003
Pierre Gervasoni, Le Monde

S'il existait des prix pour les livrets d'opéra, le texte de Richter mériterait d'être distingué. D'un sujet en or pour le théâtre musical -l'histoire véridique d'un savant autrichien ayant envisagé de reproduire l'énergie solaire en laboratoire à partir d'une batterie de haut-parleurs-, Esteban Buch a tiré une dizaine de scènes à grand potentiel dramatique. Trois personnages-clés les animent. Ronald Richter, qui obtint en 1949 du président Peron le financement de son expérience scientifique. Le Docteur Balseiro, qui se chargea de la contrôler. Et la jeune interprète, qui fut affectée à la traduction des échanges avec le transfuge du IIIème Reich. Mais un Richter peut en cacher un autre : celui (Hans) qui dirigea le Ring de Wagner à Bayreuth en 1876 ou celui (Sviatoslav) qui devint un des plus grands pianistes du XXème siècle. Sans parler de l'inventeur américain de l'échelle appliquée aux secousses sismiques… Ces homonymes se bousculent dans l'esprit dérangé du chercheur mais se rejoignent aussi dans l'obsession créatrice. Non sans raison. Une partie du matériel utilisé par Richter en Patagonie servit à l'équipement du premier studio de musique électronique d'Argentine !
Présenté à Paris dans le cadre du Festival d'Automne moins de deux mois après sa création au Teatro Colon de Buenos Aires, Richter prend la forme d'un "opéra documentaire de chambre". Le refus de l'anecdote qui caractérise le livret détermine une réalisation des plus austères. Pas de décor, peu d'accessoires et l'ensemble des interprètes (chanteurs et instrumentistes) disposés frontalement sur le plateau. On se croirait dans une salle d'audience avec douze choristes en guise de jurés.
Accordée à la musique très dense de Mario Lorenzo (né en 1968) cette exposition austère de chaque épisode souligne une volonté générale de non-engagement. Espérant, sans doute, que chaque auditeur puisera dans les nuances infinitésimales de la partition (notamment dans la remarquable partie de chœurs) de quoi faire son propre spectacle, les auteurs de Richter se fondent trop bien dans la problématique de leur sujet : l'utopie.


 
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