REVUE DE PRESSE

THE RAKE'S PROGRESS
A Fable

Un habile et poétique "The Rake's Progress" à l'Athénée, 29 Novembre 2009
Renaud Machart, Le Monde

La partition d'Igor Stravinsky, longtemps dédaignée, retrouve la faveur des musiciens.

On a du mal à croire que l'opéra The Rake's Progress (1947-1951), d'Igor Stravinsky (1882-1971), créé au Théâtre de la Fenice de Venise en 1951, avec notamment Elisabeth Schwarzkopf dans le rôle d'Anne Trulove (un enregistrement de la création est disponible sur CD, chez Gala), soit encore considéré avec dédain par certains "modernes" et que l'intelligent spécialiste du compositeur qu'était André Boucourechliev l'ait aussi rudement traité dans son Igor Stravinsky (Fayard, 1982).
Cet ouvrage d'inspiration néoclassique (avec des formules empruntées à l'opéra du XVIIIe et du XIXe siècle comme aux Passions de Bach) a en effet paru à beaucoup comme une couture de lieux communs hérités du passé (avec des récitatifs accompagnés au clavecin - au piano lors de la création) alors que l'invention du compositeur russe, successivement naturalisé français et américain, y est d'une folle ingéniosité. Quand beaucoup de ses contemporains concevaient d'aimables Scarlattiana, Tartiniana et autres accommodements d'airs anciens à la sauce moderne, Stravinsky, en Picasso de la musique qu'il était, décadrait et recadrait ce legs dans l'une des plus fascinantes mises en abyme musicales qui soient, devenue aujourd'hui un classique fréquemment représenté et enregistré.
La partition ne nécessite pas d'énormes moyens, aussi convient-elle aux petites structures telles que T&M-Paris, qui le propose dans une fort jolie production, coproduite par le Théâtre de l'Athénée (jusqu'au 29 novembre) et le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (le 2 décembre).
Un conte faustien
Antoine Gindt, patron de T&M-Paris, a, sans moyens dispendieux, réalisé un travail intelligent, lisible, qui, avec quelques éléments décoratifs (dont des dessins dans la manière de Marjane Satrapi en écho aux gravures de William Hogarth (1697-1764) qui inspirèrent le musicien et ses librettistes Wystan Hugh Auden et Chester Kallman), campe les situations de ce conte faustien d'une délicieuse ironie.
La jeune troupe réunie est formidable, dominée par l'épatant Tom Rakewell de Jonathan Boyd, ténor solide et subtil. L'Orchestre des lauréats du Conservatoire de Paris, en dépit d'une baisse de tension notable au troisième acte (jeu moins précis, intonation parfois déficiente), se tire fort bien d'une partition à la méticulosité très exigeante. Franck Ollu, à sa tête, fait un très bon travail que sert l'acoustique, décidément très philharmonique, du Théâtre de l'Athénée.


Transatlantiques, 1 Janvier 2010
Claude Glayman, Les Lettres françaises

Le Théâtre de l'Athénée à Paris présentait, il y a peu, une nouvelle production du Rake's Progress, dernier opéra du compositeur et bonne synthèse de la période "néoclassique". (…) La mise en scène d'Antoine Gindt joue la carte inusitée d'une déploration autour de Tom Rakewell, parvenu déchu, jeté chez les fous, et chanté par l'extraordinaire ténor Jonathan Boyd. (…)


La logique de trader de Tom Rakewell, 1 Decembre 2009
Maurice Ulrich, L'Humanité

À l’Athénée, Antoine Gindt 
a proposé une nouvelle lecture très minimaliste 
de l’opéra de Stravinsky.

The Rake’s Progress, l’opéra emblématique du néoclassicisme de Stravinsky, revient périodiquement sur les scènes lyriques. Inspirée au compositeur par une suite de gravures de William Hogarth, illustrant l’ascension et la chute d’un jeune débauché, Tom Rakewell, dont l’ange gardien n’est autre que le diable, l’œuvre évoque évidemment la légende de Faust. Mais si, pour Faust, l’enjeu est la jeunesse et la vie éternelle, pour Rakewell c’est la richesse, la vie mondaine, les royaumes d’illusion. Plus un trader peut-être qu’un héros métaphysique. La dernière mise en scène à Paris de l’opéra était due, au palais Garnier, à Olivier Py. Flamboyante et baroque, dans l’excès et la caricature, puissante. À l’Athénée-Louis Jouvet, Antoine Gindt propose une tout autre lecture, que l’on peut dire minimale. Mise en scène dépouillée, décor réduit à quelques abstractions géométriques. L’orchestre est sur la scène et les personnages évoluent devant. Parmi ceux-ci, Baba la Turque, souvent surchargée, est ici une très belle femme, élancée et élégante. Pas de caricature donc, mais une sorte de mise en évidence de la colonne vertébrale, de la logique de l’histoire. Dans le même temps, cette quasi-austérité vient mettre le chant au premier plan, et la voix du ténor Jonathan Boyd.


La chienlit, et la joie, 29 Novembre 2009
Odile Quirot, NouvelObs.com

Vu aussi The Rake's Progress de Stravinsky, à l'Athénée. L'orchestre des Lauréats du Conservatoire de Paris (direction Franck Ollu) est sur le plateau, les chanteurs quasi en costume de ville sur un simple tréteau, et trè proches des spectateurs. La mise en scène est d'Antoine Gindt, qui après avir dirigé l'Atem avec Georges Aperghis, poursuit avec T&M sa quète d'œuvres lyriques, souvent contemporaines, montées de façons simple, mais pas simpliste, plus adaptées aux tournées, donc plus "populaire", et démocratiques. Son travail repose sur la gestuelle, les lumières, la direction des chanteurs. Et c'est formidable, de haute qualité musicale et scénique. (…)

Lire le blog d'Odile Quirot



De l'art de faire beaucoup avec peu, 27 Novembre 2009
Caroline Alexander, Webthea.com

On est tout de suite au cœur de l’histoire, sans chichis, sans superflus. Le mystère se passe d’effets spéciaux, coule de source en quelque sorte par la seule force de la musique et son méli-mélo de références (…)

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Un petit Igor, 26 Novembre 2009
Michel Parouty, Les Echos

Produit par T&M-Paris en collaboration avec l'Orchestre des lauréats du Conservatoire de Paris CNSMDP, et coréalisé avec le Théâtre de l'Athénée, ce « Rake's Progress » met en oeuvre des moyens modestes. Le décor d'Antoine Gindt et Caroline Espirito Santo est réduit à trois éléments : une estrade à laquelle on accède par trois marches au premier plan, un mur et (l'orchestre prend place entre les deux), en l'air, un carré blanc suspendu par l'un de ses coins. Entre chaque tableau descend un écran, sur lequel sont projetés d'amusants dessins de Gérard Ségard. Les costumes contemporains fort simples (Caroline Espirito Santo) jouent principalement sur le noir et blanc. La mise en scène de Gindt narre l'histoire concoctée par Wystan Hugh Auden et Chester Kallman avec clarté, ne laisse guère de place au superflu et à l'anecdo-tique, mais manque considérablement de distance, d'humour et d'ambiguïté. Que Tom Rakewell et Nick Shadow soient les deux faces d'un même personnage, nul n'en doute ; mais là où l'on devrait être surpris, où l'on devrait rire, on cherche en vain couleur et fantaisie.
Du tonus à revendre
La formation orchestrale, réduite en cordes, est composée de jeunes instrumentistes (vingt-cinq plus un claveciniste) choisis parmi les lauréats de CNSM de Paris et de Lyon. Précis, rigoureux, laissant pourtant la musique respirer, Franck Ollu les guide de son mieux, mais tout au long de la première partie leur enthousiasme n'est pas évident. La distribution, en revanche, a du tonus à revendre, même si Allison Cook (Mother Goose/Baba la Turque), fort belle, manque de présence vocale, de même que Johannes Schmidt (Trulove), plutôt effacé. Ivan Ludlow est sur la voie qui peut, un jour, faire de lui un Shadow percutant, mais manque encore de démesure. Elizabeth Calleo chante à ravir ; son portrait d'Ann Trulove, modèle de candeur, correspond bien au nom du personnage. Quant à Jonathan Boyd, ténor au timbre incisif, aucun aspect du rôle de Tom ne lui échappe - séduisant, veule, crédule, désabusé. Ne serait-ce que pour eux, ce spectacle sympathique mais pas toujours très abouti n'est pas à négliger.


Un débauché sans… morale, 25 Novembre 2009
Jacques Doucelin, Concertclassic.com

Tout un spectacle en noir et blanc : la scène, le praticable carré où se concentre l’action comme les costumes des musiciens et des protagonistes ont la couleur de l’aube des premiers communiants…

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Le diable au quotidien, 24 Novembre 2009
Nicole Duault, Altamusica.com

Un diable sans ricanement, un anti-héros plus veule que libertin : de quoi faire encore plus frémir tant les personnages du Rake’s progress donné en ce moment à l’Athénée dans une mise en scène d’Antoine Gindt semblent sortir du quotidien d’aujourd’hui.

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Une révolution de moeurs, 11 Novembre 2009
Alain Cochard, Concertclassic.com

Lire l'entretien avec Antoine Gindt



 
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