Heiner Goebbels aime déjouer les habitudes du théâtre et du concert, associant et recomposant sur sa propre scène des textes et des musiques qu’il puise aux sources du roman, de la philosophie, du répertoire, de l’actualité… De ses expériences radiophoniques, il a acquis cet art du collage et du mixage où la parole, le son, une réminiscence mélancolique ou une stridence urbaine prennent sens, ensemble, semblables aux pièces d’un puzzle dont l’agencement se ferait au fur et à mesure de la représentation. Pour La Reprise – qu’il décline en trois langues -, sont conviés Kierkegaard aussi bien que Johannes Brahms, Robbe-Grillet que Prince, Jean-Sébastien Bach ou Frédéric Chopin. Les trois interprètes – comédien, pianiste romantique et guitariste rock and roll -, se prêtent à cet exercice d’acrobates, revenant sur un thème, répétant une phrase, jouant sur les variations et les surprises dans un décor où les parois se dérobent, où les perspectives changent par de multiples rotations et d’habiles procédés cinématographiques. Spectacle d’images et de confrontations, La Reprise propose une extraordinaire digression philosophique où la séduction, le sous-entendu, le décalage et le paradoxe comptent comme autant de prétextes à des situations toujours changeantes.
Représentations :
25 au 30 avril 1997 : Théâtre Nanterre-Amandiers
(création en France)