L’histoire d’abord : Un enfant (Balthus) muni d’une bougie part à la recherche de son chat Mitsou. Sous le lit, dans la cave, par les rues. En vain. Rentré à la maison, il est d’autant plus triste qu’il se trouve, cette année encore, privé d’anniversaire : le soleil s’est couché le 28 février et se lèvera le 1er mars sans donner jour au 29. Mais il trouve une lettre d’un ami (Rilke) qui lui fait part d’une secrète trouvaille : une brèche dans le temps. Le spectacle ensuite : librement inspiré des quarante dessins que Balthus publia à douze ans dans un recueil titré Mitsou (le nom d’un chat qu’il avait trouvé puis perdu) et préfacé des lettres que Rilke lui envoya alors (Lettres à un jeune peintre), l’opéra cinématographique éponyme n’y trouve pourtant pas sa source graphique. Le film original réalisé pour ce cinéma-opéra par Jean-Charles Fitoussi, tourné en Suisse et en France cet hiver, oublie les dessins mais reprend un certain nombre d’événements et de situations confiées à des acteurs. La musique et le chant sur scène se trouvent ainsi intimement et inextricablement liés au cinéma. Les chanteurs commencent sur le plateau, puis se dédoublent : ils « entrent » dans l’écran — cette « brèche » dans le temps dont parle Rilke à l’enfant — tout en rejoignant la fosse pour donner voix à leurs doubles filmés. Mitsou, histoire d’un chat « retrouve » donc quelque chose que le cinéma muet n’avait jamais pu faire quand il rêvait d’opéra : donner voix aux acteurs par des chanteurs qui se synchronisent sur l’image. Mais l’analogie avec le cinéma muet s’arrête là, le film ne convoquant ni nostalgie ni noir et blanc, la projection prenant toute la place d’une véritable mise en scène.
Représentations :
23 janvier 2015 : Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
26 et 27 septembre 2014 : Strasbourg, Festival Musica