Les Song Books de John Cage : monument de liberté grâce auquel les situations vocales et scéniques les plus extravagantes sont à imaginer, à rêver. Quatre-vingt-dix solos en rapport (ou sans rapport) avec cette simple phrase : « we connect Satie with Thoreau » (nous mettons Satie et Thoreau en relation) !
Par la particularité de leur composition, les Song Books de John Cage offrent un extraordinaire argument pour réunir musique et théâtre, et, selon la volonté du compositeur, pour faire se rencontrer Erik Satie, l’enfant terrible de la musique française du début du XXème siècle, et Henry David Thoreau, le poète et essayiste américain du XIXème. Les Song Books sont un guide davantage qu’une partition : au fur et à mesure de ses 370 pages, il laisse le choix d’associer, de superposer, de jouer, de chanter, d’abandonner éventuellement, les 90 solos qu’il rassemble. Parce qu’il s’avère plus important de comprendre le code nouveau établi par John Cage, que d’interpréter au sens classique une écriture musicale, ce recueil laisse également la liberté de caractériser ces solos avec des interprètes issus d’horizons différents. Le projet de Marianne Pousseur n’est ainsi pas sans rapport avec les aventures musicales qu’elle a précédemment partagées au sein de l’Ensemble Hélix – notamment avec la musique de Cage et de Stockhausen – et l’équipe qu’elle a rassemblée comprend quatre chanteurs aux parcours divers qui balayent aussi bien les musiques ancienne ou contemporaine que le jazz, un comédien dont l’expérience est elle-aussi sans frontière, et un groupe de réalisation scénique original, tous inspirés par cette intimité que John Cage recherchait avec la nature. Non parce que les Song Books auraient un quelconque caractère pastoral, mais parce que pénétrant au cœur des structures géographiques, biologiques ou botaniques, elles exigent d’en rendre la délicatesse et la clarté.
Représentations :
11 au 14 décembre 1996 : Nanterre, Maison de la Musique