Stifters Dinge
Heiner Goebbels

Stifters Dinge

Un spectacle-installation de Heiner Goebbels

Scénographie et lumière :

Klaus Grünberg

Collaboration musicale, programmation informatique :

Hubert Machnik

Son :

Willi Bopp

Production :

Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. Coproduction : spielzeit’europa I Berliner Festspiele, Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg, schauspielfrankfurt, T&M-Paris, Teatro Stabile di Torino, Pour-cent culturel Migros. Coréalisation : Artangel London

Création :

13 septembre 2007, Lausanne, Théâtre Vidy

Galerie

Cinq pianos seuls en scène pour une méditation sur la nature

C’est le spectacle le plus intrigant du début du Festival. Un spectacle à la fin duquel personne ne vient saluer, sinon cinq pianos qui avancent sur des rails vers le public, invité à venir les voir de près après les avoir regardés de loin, pendant une heure de rêverie solitaire, conçue, mise en musique et en scène par Heiner Goebbels. Cette rêverie s’appelle Stifters Dinge (« les choses de Stifter ») et, comme son titre l’indique, elle est inspirée par l’œuvre de l’écrivain Adalbert Stifter (1805-1868), un homme de la Bohême, au temps de l’empire austro-hongrois.
Comme tous les Allemands de son âge, Heiner Goebbels (né en 1952) a étudié Stifter à l’école. Et il s’est ennuyé. Le temps a passé, Heiner Goebbels s’est tourné vers la musique, il a fondé dans les années 1970 une « Fanfare soi-disant d’extrême gauche », puis il a suivi son chemin, qui l’a conduit à renouveler le genre du théâtre musical, dans les années 1990, avec des spectacles multimédias hypersophistiqués, où la littérature a toujours eu sa place.
Et Stifter est revenu dans la vie de Goebbels, ce cher Stifter, détesté par certains, à cause de son « kitsch sentimental », et tant aimé par d’autres, parce qu’il sait comme personne décrire un paysage dans son moindre frémissement, et rendre à la vie sa fragilité, sous l’apparence de récits moralisateurs et simples (Cristal de roche, L’Homme sans postérité…)
On entend du Stifter en voix off, en ouverture du spectacle. Mais surtout, on voit ce que son œuvre peut nous apprendre : le regard sur la nature que l’homme détruit. Désossés, encastrés les uns dans les autres, les cinq pianos occupent le fond de scène. Devant eux, trois « lacs » renvoient des lumières changeantes, parfois inquiétantes, comme l’image de la forêt profonde qui s’efface pour ne laisser que des branchages nus, au milieu des pianos jouant seuls des notes mêlées à des sons multiples et étranges.
Voilà. On pourrait dire qu’il ne se passe pas grand-chose, sinon qu’on est devant des images sonores. Mais cela représente beaucoup : chacun peut réinventer le monde décrit par Stifter.
Brigitte Salino, Le Monde, 9 Juillet 2008

Représentations :

9 au 17 janvier : Théâtre de Gennevilliers

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